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Source:Lettre Chapman-Dubost 27-09-1799
Un article de Rodovid FR.
Il s'agit d'une lettre échangée entre deux anonymes en 1798 ou 99, qui part du Havre pour aller à Rouen. Particularité: elle est écrite en anglais, par un anglais à destination de son beau frère, dont le fils sera bientôt grognard.[modifier] Transcription
C(itoy)en Dubost, Rouen
Havre 5th Vend.re 7th year
Dear brother,
- The want of materials has hindered my writing you for sometime past,
- but I ought to have written you on the 3.d complementary day to acknowledge
- the receipt of forty eight francs you have sent me. When C.en Deschamps sent
- for me to call on me he said he had brought from you something that
- would do me great pleasure which made me think it was my portrait
- but I found it was only the triffleI had lent you, accept my thanks
- and don't forget the other objects when an occasion offers.
- When I reflect on the stinginess of your employer in reducing one
- half of your salary I cannot help thinking on the little reliance that
- is to be placed in people who appeard in more prosperous time to profess
- great friendship in people for their clerks for this was your case. Tho' my patrons
- are famed for self interest, and jews by nature as well as by principles,
- they have not yet touch upon that string, and by all I can see they
- will not take a light step till they see the impossibility of soon,
- furnishing us with work. We are still all 12 in the counting house,
- sometimes runnaging the old books, and bring stale accounts to
- light and sometimes with folded arms spend whole days in talking
- politics or other nonsense. The late overthrow we experienced in
- Egypte supplies us amply, as well as our handfull of men landed
- in Ireland. - From the above circumstances I judge it is out of
- your power to bring any relief to Lescarbotte's boy, at least pecuniary,
- for as the old proverb says, our first care ought to be self-preservation,
- but I don't doubt but you will endevour to find him a birth
- if it fall in your reach.
- I shall be happy to learn that you, my sister, and my pretty little
- nephew enjoy as good a health as we do ourselves, accept both my
- wife's love as well as mine. J.Chapman
[modifier] Traduction
Citoyen Dubost
Rouen
Le Havre 5 vend(emiai)re an VII
- Le manque de materiel m'a empêché de vous écrire pendant quelque temps,
- mais j'aurais du vous écrire le 3eme jour complémentaire[1] pour accuser réception
- de la somme de 48 Francs que vous m'avez envoyée. Quand le citoyen Deschamps m'avait
- fait dire de venir chez lui et qu'il m'avait dit qu'il avait ramené quelque chose qui
- allait me faire grand plaisir, ça m'avait fait penser que c'était mon portrait,
- mais j'ai trouvé que c'était seulement le petit rien que je vous avais prêté.
- Acceptez mes remerciements, et n'oubliez pas l'autre chose quand une occasion se présentera.
- Quand je songe a la mesquinerie de votre employeur qui a réduit vos salaires de
- moitié, je ne peux pas m'empêcher de penser au peu de confiance que
- l'on peut placer dans les gens qui, dans des temps plus prospères, professent
- une grande amitié pour les gens, pour leurs employés comme c'est votre cas. Bien que mes patrons
- soient connus pour servir leurs intérêts, qu'ils soient juifs de nature, et de principes,[2]
- ils n'ont pas encore essayé cette astuce-la, et par ce que je peux voir,
- ils ne prendront pas cette mesure a la légère jusqu'à ce qu'ils se trouvent bientôt
- dans l'impossibilité de nous donner du travail. Nous sommes encore 12 dans la «maison de comptable[3]»,
- quelquefois fouillant dans les vieux livres, et ressortant les vieux comptes,
- et quelquefois avec nos bras croisés, passant le temps a parler
- politique, ou autres choses insignifiantes. Le récent changement que nous avons eu
- en Egypte[4] nous donne de quoi parler, ainsi que la poignée d'hommes qui ont débarqué
- en Irlande[5]. - D'après les circonstances mentionnées plus haut, je juge
- qu'il ne vous est pas possible d'aider le fils Lescarbottes[6], tout au moins financièrement,
- puisqu'il y a un vieux proverbe qui dit que nous devons d'abord nous assurer de survivre,
- mais je suis sure que vous allez essayer de lui trouver un passage sur un bateau
- si vous en avez la possibilite.
- Je serai heureux d'apprendre que vous, ma sœur, et mon mignon petit
- neveu, jouissiez d'une aussi bonne santé que nous, acceptez tous les deux toute
- notre affection de la part de ma femme et moi. J.Chapman
[modifier] Notes et références
- ↑ Le 3eme jour complémentaire de l'an VII correspond au 19 septembre 1799, ce qui fait penser que cette lettre, bien que datée de l'an VII, a plutôt été écrite le 5 Vendémiaire, an VIII, soit le 27 septembre 1799 (les ans VI et VIII n'ont pas eu de ces «Jours complémentaires»). Cependant, la campagne d'Irlande, dans l'actualité politique mentionnée à la fin est un évènement de 1798...
- ↑ Il devrait être inutile de préciser que l'expression d'un tel antisémitisme ne reflète que les opinons de l'auteur défunt de cette lettre
- ↑ L'expression n'est pas plus courante en anglais qu'en français
- ↑ Campagne d'Égypte 1798-1801
- ↑ Réference à L'expedition d'Irlande de 1798
- ↑ Probablement Jean Lescarbotte (Lescarbotte, n. 21 juillet 1787 d. 4 juin 1847), neveu et de l'expéditeur et du destinataire de cette lettre