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Ravalet (Crimes, légendes et réhabilitations)

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Portrait probablement controuvé de Marguerite, avec une devise réputée être la sienne : «un me suffit»
Portrait probablement controuvé de Marguerite, avec une devise réputée être la sienne : «un me suffit»

La Maison de Ravalet, famille noble du Cotentin, compte dans ses rangs Julien et Marguerite de Ravalet, amants incestueux, qui seront décapités en place de grève en 1603.

Cet étrange fait divers a été le sujet de plusieurs œuvres littéraires (la plus connue étant «Une page d'histoire» de Barbey d'Aurevilly) puis cinématographiques dont le récent «Marguerite et Julien» de Valérie Donzelli.

Cette famille a eu longtemps une réputation épouvantable, basée à la fois sur une fréquence élevée d'assassinats attestés -commis ou subis par les membres de la famille- et sur des légendes ou des racontars.

En retour elle a fait l'objet de tentatives forcées de réhabilitations.

Sommaire

[modifier] Crimes.

Déjà en 1557, le jour de la Toussaint, Julien Ier Ravalet de Sideville tire un coup de feu sur un nommé Raffoville, dans l'église Saint-Pierre de Coutances.

Un peu plus tard on comptera quatre assassinats en cent ans tout rond.

[modifier] Légendes.

[modifier] Crapuleries.

Le château des Ravalet, à Tourlaville
Le château des Ravalet, à Tourlaville

Elles sont nombreuses. En voici tout un lot de la seule page 6 du «Procès des Ravalet» par Paul Le Cacheux[5].

  • vers 1647, Gabrielle de Ravalet tente d'assassiner son fils ou beau-fils Philippe. Lequel déjoue l'attentat et dénonce la dame, qui se suicide en voyant arriver la maréchaussée. Privée de sépulture religieuse, on retrouvera son cercueil en 1830.
  • Sans date et sans nom :
    • Un Ravalet tue son frère, et en expiation de ce crime faît un pélerinage à Rome etc.
    • Un Ravalet brûle deux fermes au seigneur de Houtteville, dont les ânes étaient venus paître dans son pré.
    • Un Ravalet pend trois de ses vassaux aux chênes de son avenue, pour les punir de n'avoir pas fait moudre-leur blé au moulin seigneurial.
    • Un Ravalet enlève, la femme d'un de ses écuyers, et, après une nuit d'orgie, la tue à coups de boules au milieu d'un jeu de quilles, dans un des fossés du château, où on la trouve le lendemain, sanglante et inanimée. Le châtiment de ce forfait ne tarde guère : huit jours après, le meurtrier était assassiné lui-même dans son lit, et sa tête, détachée du tronc, avait roulé au milieu de la chambre.
    • Un Ravalet, s'étant fait servir â déjeuner le matin du jour de Pâques, ose, se présenter néanmoins à la table de communion. [il] attend le curé après l'office et lui passe son épée [au travers] du corps, dans l'église même, entre le chœur et la nef.

On trouve aussi des chroniqueurs[6] pour rattacher la légende du Moine de Saire[7] aux Ravalets.

[modifier] Exorcismes.

Plus complexes sont les récits d'exorcismes prêtés à Jean II de Ravalet. Le fait est qu'il est tout à fait plausible que l'abbé ait pratiqué de telles cérémonies. On en retrouve le récit dans les mêmes termes, dans deux sources différentes. Simplement, la première décrit l’exorcisme de Thérèse de Brye au château de Tourlaville, la seconde de Thérèse Lesueur à l'abbaye de Hambye[8].

Le premier récit finit par ces mots :
La dame de Brye, en état de syncope, fut portée dans sa chambre et déposée sur son lit.

Le second ainsi :
la femme tomba en syncope et on dut la transporter dans une chambre voisine.

On voit que le copier coller ne date pas d'hier.

[modifier] Réhabilitations.

Clocher de l'église de Tourlaville
Clocher de l'église de Tourlaville

Les érudits locaux ou les romanciers, probablement peinés par le triste destin des «amants maudits», trouvent leur saint-homme en la personne de leur grand-oncle Jean II de Ravalet.

Quoique les sources divergent quant à savoir si on doit attribuer ses bienfaits à une ou deux personnes, les chroniqueurs s'efforcent d'en faire un être exceptionnellement bon, savant, noble et généreux.

Cependant on peut seulement déduire des sources, qu'il a été secrétaire et intendant de la famille d'Estouteville, qu'en récompense lui a été attribué le fief de Tourlaville et l'abbatiat de Hambye. Récompense effectivement gigantesque, il en tire une fortune considérable.

La liste de ses bienfaits, quoi qu’attestée, semble par contre assez terne - disons : normale.

  • 1577 : donne sa terre de la Bucaille à l'hospice de Cherbourg.
  • 28 janvier 1586 : fait don d'une terre située à la Croix-Morville aux cordeliers de Valognes.
  • 1586 : fonde la Charité de Coutances.
  • 1587 et 1602 : attribue des rentes au collège de Coutances, y rendant -de fait- les études gratuites.
  • 1587 : fait réparer les adductions d'eau de Cherbourg.
  • 1588 : participe financièrement à la construction de la chapelle de collège de Coutances.

Et à nouveau, la légende pointe le bout de son nez. On le dit grand mathématicien, architecte de son propre château, fin musicien...

La réalité, comme d'habitude, échappe au détail de ce qui reste de ces histoires : les sources.

[modifier] Voir aussi

Listes chronologiques

[modifier] Notes et références

  1. Journal manuscrit d'un sire de Gouberville et du Mesnil-au-Val, gentilhomme campagnard, au Cotentin, de 1553 à 156, étude publiée dans le "Journal de Valognes" du 17 février 1870 au 20 mars 1872, Tollemer, Alexandre (1802-1892), impr. de G. Martin (Valognes), 1872 - p.650. On peut rappeler que Gouberville n'écrivait manistement pas pour être lu, et n'avait donc pas besoin de mentir
  2. Le procès des Ravalet, Paul Le Cacheux, Félix Le Tual imprimeur à Saint-Lô, 1911, p.5
  3. Chartrier du château de Saint-Pierre-Église (inventaire) - Archives départementales de la Manche - 150J - 1550-1800 - Page3 - Pièce N° 1365 Lire en ligne (.pdf).
  4. Chartrier du château de Saint-Pierre-Église (inventaire) - Archives départementales de la Manche - 150J - 1550-1800 - Page2 - Pièce N° 1352 Lire en ligne (.pdf).
  5. Le Procès des Ravalet p.6.
  6. Biographie de l'abbé de Tourlaville p.11
  7. Le Moine de Saire dans Wikimanche.
  8. Voir :
    • Recherches paléographiques sur l'abbé de Hambye, la famille Ravalet de Tourlaville et la possédée Thérèse de Brye Émile de Pontaumont. 1885. p.5
    • L'abbaye de Hambye. In Mémoires de la Société académique du Cotentin.A. Lair. 1898 p.10