Depuis le 18 août 2010, vous devez être identifié pour éditer des pages dans Rodovid (excepté Rodovid Engine).

Paul Eugène Guibé

Un article de Rodovid FR.

Jump to: navigation, search

◄ Voir la fiche généalogique de Paul-Eugène Guibé

[modifier] Le concert du 18 mars 1885

Compte rendu donné dans les Mémoires de la société d'émulation des côtes du Nord.

Le concert débute par la Pavane d'Etienne Marcel. Cette délicate composition de Saint-Saëns est si bien exécutée par la Société Philharmonique, qu'on veut l'entendre une seconde fois, et c'est au milieu des applaudissements répétés que le rideau se baisse pour laisser paraître bientôt le jeune Paul Guibé, âgé de 11 ans. - Fils d'un sculpteur bien connu, Paul Guibé, après avoir reçu à Saint-Brieuc les premières leçons de musique, est allé à Paris étudier sous l'habile direction de M. Schneklud. - Il porte un violoncelle presque aussi grand que lui, mais il s'avance avec une telle aisance que des sourires bienveillants l'accueillent et se changent en murmures flatteurs, lorsqu'on le voit saluer avec correction, s'asseoir tranquillement, sans émotion apparente, et placer. son archet avec cette crânerie charmante que seule l'enfance sait allier à la modestie. - Son maître, M. Schneklud (prix du Conservatoire), l'accompagne au piano. - Dés les premières notes, on devine un artiste : le coup d'archet est donné vigoureusement, sans hésitation ; chaque note est détaillée finement, et les sons pénétrants du violoncelle ravissent l'auditoire, agréablement surpris de trouver chez un enfant tant de dispositions servies par une excellente méthode. Un élève qui obtient, si jeune, de pareils succès, est évidemment fort bien doué ; aussi nous plaisons-nous à répéter, après un journal de Saint-Brieuc, "qu'on peut fonder sur lui de sérieuses espérances", et nous espérons que la ville et le département lui faciliteront le moyen de continuer ses études et de faire un jour honneur à son pays natal. La Société d'Émulation se fait un devoir de rechercher et de produire les talents de ce genre, et nous prions nos confrères de ne pas perdre de vue ce côté de notre programme.

Pour ne pas séparer le maître de l'élève, parlons immédiatement du merveilleux talent de M. Schneklud. II est permis d'employer ce mot, même après avoir entendu M. Nathan, l'année dernière. M. Schneklud a exécuté le Caprice Hongrois, de Dunkler, avec une telle puissance de jeu, une telle expression, que la salle enthousiasmée l'a couvert d'applaudissements, jusqu'à ce qu'il ait recommencé les dernières variations du morceau.

Une charmante fantaisie dont M. Schneklud est l'auteur, les Souvenirs d'Etretat, a été jouée par lui, dans la seconde partie du concert, avec la même perfection, et lui a valu le même succès ; aussi la Société d'Émulation, en offrant à ce jeune et brillant artiste ses cordiales félicitations et ses remerciements, se promet-elle de lui rappeler, sans tarder, qu'il y a dans notre ville des admirateurs de son talent, désireux de le revoir et de l'entendre.

Source : Bulletins et mémoires - Société d'émulation des Côtes-du-Nord P32-33

[modifier] À propos de Schneklud

Le professeur de violoncelle de Paul Eugène Guibé (le fils du sculpteur) s'appelle Schneklud. Patronyme scandinave en diable. Or Gauguin a fait le portrait d'un violoncelliste titré Upaupa Schneklud Un article de The Burlington Magazine nous apprend que le prénom Upaupa est une invention de Gauguin de retour de Tahiti. Le Schneklud s'appelant Fritz ou Frederic en version francisée. Et que tout ce petit monde habitait les rues sur le versant sud de Montparnasse, tout comme Guibé dans les mêmes années...