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Baruch Agid (1882-1945)

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Baruch (dit Bernard ) Agid
Baruch (dit Bernard ) Agid

Sommaire

[modifier] 1882-1914 De Lemberg à Brno

  • 27/09/1882 Naissance de Baruch (dit Bernard) Agid, fils de Salomon et Basza Scheininger, à Passicky, en Galicie autro-hongroise ("Pasiky-Zubrysts'ki", non loin de Lviv dans l'actuelle Ukraine). Sa famille était très pauvre. Son père était meunier et son moulin a malheureusement brûlé. Suite à cela, Salomon semble avoir tenté de survivre comme il a pu en créant des affaires éphémères : il sera brocanteur en 1894, "tenancier de débit de boissons" en 1895 et commerçant en 1897. Sa femme, Basza, sera "vendeuse de lait" an 1895 et commerçante en 1897.
  • Avant 1900 Ses trois frères Joseph, Alexandre et John émigrent en Angleterre, Égypte et France où ils deviendront directeurs d'hôtel. Son père Salomon décède à Lemberg.
  • Vers 1900 Baruch Agid se marie avec Sima Strassberg, née en 1880 à Jaworov (l’actuelle ville de Javoriv en Ukaine), de Moses Strassberg et Marjem Weiss.
  • 1902-1907 Naissance de ses trois premiers enfants à Jaworow : Fanny en 1901, Isaak en 1904, Rose en 1907. D’après le témoignage de sa fille Rose, à cette époque, Baruch n’a pas encore de situation, il vit donc chez son beau-père avec sa famille, comme le veut la coutume.
  • Vers 1906 Sa mère Basza Scheininger décède à Lemberg.
  • 1907 Baruch ouvre un magasin à Lemberg. Il habite avec sa famille dans un appartement à l’étage au-dessus.
  • 14/12/1911 Naissance de son fils Salomon à Lemberg.
  • 08/1914 L’Autriche-Hongrie est en guerre contre la Russie depuis le 6/08/1914. Le front se rapproche (la ville sera attaquée par les Russes en 08-09/1914. La Russie prendra possession de la Galicie en 1914). Les Agid décident donc de partir à Vienne (Autriche) où Baruch a tous ses fournisseurs. A leur arrivée, ils découvrent que l’entrée de la ville est interdite. Ils sont parqués dans une salle énorme avec des milliers d’autres réfugiés. Baruch obtient l’autorisation de circuler à Vienne pour faire des achats. Malheureusement, pendant son absence, Sima et ses enfants sont déplacés à Brno (ville de l’actuelle République Tchèque) malgré leurs protestations. Ils n’ont ni argent ni papiers … Finalement la famille est de nouveau réunie grâce à l’intervention d’une œuvre de bienfaisance juive.

[modifier] 1914-1939 De Brno à Paris

  • 1914-1915 Les Agid vivent à Brno en Moravie (actuellement en République tchèque).
  • 1915-11/1916 L'Autriche reprend possession de la Galicie. Sima et les enfants repartent à Lemberg en passant par Krakow. C'est certainement pour des raisons professionnelles que Baruch habite seul l'essentiel de cette période à Vienne. En 11/1916, Sima et les enfants rejoignent Baruch. Ils s'installent 1 Krummbaumgasse, étage 1, porte n°21.
  • Vers 1917 Son frère Moses est assassiné à Lemberg par un antisémite, lors d'un pogrom semble-t-il. Lorsque le meurtrier comparait devant le tribunal, il déclare pour sa défense que l'homme qu'il a tué n'était qu'un juif. Il est acquitté ...
  • 11/1916-1923 Les Agid vivent confortablement à Vienne. Ils ont un bel appartement avec téléphone et salle de bain, ils partent en vacances tous les étés, les enfants ont un professeur de piano et les aînés font des études. Les deux petits derniers, Berthe et Léon, naissent en 1917 et 1919. Les témoignages indiquent qu’à cette époque Baruch est banquier, ou plus précisément, qu’il possède une agence de change.
  • 1923-1926 A partir de 1923, l’affaire de Baruch périclite progressivement (l’Autriche d’après-guerre est instable économiquement et politiquement). Il se décide finalement à partir pour Paris. Il ouvre un magasin de bonneterie avec sa fille Fanny et son gendre au 17 rue du Temple à Paris 4e. Pendant cette période, ils habitent également à cette adresse. Rose les rejoint suivie des autres membres de la famille fin 1926.
  • Fin 1926 – 01/1930 La famille habite 6 rue des Quatrefages, Paris 5e. Baruch ouvre un magasin de bonneterie 169 rue St Honoré : « La Maison de gros de bonneterie ». Il vend des bas, chaussettes et plus tard des gants. « Les affaires ne marchaient pas mal du tout » selon Rose Agid.
  • Après 01/1930 Le commerce de Baruch périclite. Il est obligé de vendre son magasin. D’après la mémoire familiale, la crise de 1929 semble une des causes significatives de cet échec. Il a ensuite plusieurs affaires qui échouent. Il change plusieurs fois d’appartement et fini par se fixer 5 cité Chaptal, à Paris 9e.
  • 1931 Son fils Isaac est naturalisé français.
  • Après le 12/03/1938 Suite à l’anschluss (annexion de l’Autriche par l’Allemagne), Baruch, sa femme et ses enfants, renoncent officiellement à leur nationalité autrichienne. Cette déclaration est faite à la préfecture de Police de Paris.

[modifier] 1939-1945 La guerre

  • Entre le 5/09/1939 et le 18/09/1939 Deux de ses fils et deux de ses gendres ont probablement été internés au stade de Colombes, en tant que « ressortissants de pays ennemis ». Ils sont tous « ex-autrichiens » or l’Autriche est en guerre contre la France depuis le 3/09/1939. Baruch a-t-il été également interné au stade de Colombes ?
  • 18/09/1939 ou 19/09/1939 Ils sont ensuite conduits dans le camp d’étrangers de Meslay-du-Maine (Mayenne). D’après plusieurs témoignages, Baruch aurait été interné avec eux. Ce camp, comme plusieurs autres à travers la France, est destiné à regrouper et « trier » les « ressortissants de pays ennemis ». Les internés du camp de Meslay passeront devant des « commissions de triage » qui évalueront s’ils sont un danger ou non pour la France et décideront, en conséquence, de les libérer. Baruch a certainement été libéré rapidement puisqu’il n’y a aucune trace de lui dans la liste nominative du camp.
  • 1939-1940 Ses fils et gendres prennent part à la guerre, les uns comme soldats de la légion étrangère, les autres comme soldats français, et le dernier de ses fils, comme « étranger prestataire » de l’armée française.
  • Vers le 14/05/1940 Baruch Agid est interné au stade Buffalo. Le 13/05/1940, immédiatement après la percée allemande, les « ressortissants allemands et étrangers de nationalité indéterminée mais d’origine allemande » (allemands, autrichiens, sarrois, …), hommes de 18 à 55 ans, femmes célibataires ou mariées sans enfants, sont convoqués dans des centres de rassemblement. A Paris, plus d’un millier d’hommes vont être gardés au stade Buffalo. « Les conditions d’internement sont lamentables. » d'après Serge Klarsfeld.
  • 9/06/1940-21/06/1940 Il est interné au centre de rassemblement d'étrangers d'Audierne dans le Finistère.
  • 1940-1945 Baruch et Sima Agid se sont réfugiés en Isère. Pendant cette période la famille est dispersée : à Paris, Lyon, Nice, Saint-Priest-sous-Aixe (en Haute-Vienne). Léon, le plus jeune fils, s’engage dans la résistance en 1942. Il est fusillé en 1943 au Mont-Valérien. A Lemberg, les soeurs de Baruch, Chaje, Léa et Toni et leurs maris et enfants (environ 30 personnes), mourront tous brûlés vifs dans la synagogue.
  • 17/01/1945 Baruch décède à Paris 4e, usé par la fatigue et le chagrin d’avoir perdu son fils Léon.

[modifier] Quelques témoignages

Baruch est décrit par ses enfants comme un intellectuel, qui aimait la lecture et les échecs, et qui était très cultivé en matière religieuse (il pouvait soutenir une discussion d’un niveau élevé avec un curé rencontré par hasard à Saint-Priest-sous-Aixe …). On le décrit également comme un homme de caractère modeste et « pas gagneur ». Ce qui donne à penser qu’il devait être plutôt un homme de réflexion qu’un homme d’action.

[modifier] Sources

  • Texte de Rose Agid
  • Lettre de Berthe Agid
  • Témoignages oraux et lettres diverses
  • Biographie d’Alex FLam
  • Acte de décès de Baruch Agid

  • Dossiers de naturalisation de ses frères Joseph, Alexandre et Juda Agid
  • Actes de naissance des enfants de Chaje Agid
  • Archives de la sureté nationale (Centre des Archives Contemporaines)
  • Le calendrier de la persécution des juifs de France / Serge Klarsfeld

[modifier] Voir aussi