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Abou Mohamed Bahram (Mamlouk de Hussein II Bey)

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Abu Muhammad Bahram était un Mamlouk de Hussein II Bey. Il arriva d'Istanbul en compagnie de Benbène, qui deviendra l'épouse de Sadok Bey, et d'un autre Mamlouk, le futur Ahmed Zarrouk de triste mémoire.

Sans attaches familiales à Tunis, il était comme tous les Mamlouks, dévoué au Bey (en l'occurrence le Bey Hussein II Bey).

[modifier] Carrière

Il devint dignitaire du corps d'armée turc : en tant que Agha El-Askar El-Hanafiyya, (22 Regeb 1282/9 décembre 1865) Abou Mohamed Bahram commandait un odjak, c'est-à-dire un corps regroupant des spahis turcs (sorte de gendarmerie montée).

Le Agha El-Askar, qui était compétent pour contraindre les débiteurs à respecter leurs engagements, percevait pour cela un droit dit El-Khlass.

En 1865, Abu Muhammad Bahram avait le grade de général de brigade (Amir Lioua). Dans la hiérarchie militaire beylicale, Amir Lioua était le grade immédiatement inférieur à celui de Férik (grade le plus élevé).

Quelques années plus tard, Bahram, en fin de carrière, sera appelé par Sadok Bey, qui, décrétant la restructuration de la milice turque des janissaires, vestige de la conquête de 1574, lui en confia le commandement (en tant que Agha El-Hawaneb, en 1284/1868). Déjà affaiblie sous l'impulsion d’Ahmed Bey (1814-1824) au profit des troupes d'infanterie composées de Kabyles zouaoua, la milice des janissaires, jadis orgueilleuse, n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle se traîna sous une forme anachronique et caricaturale jusqu'à sa dissolution en 1883 (d'après Mohamed Aziz Ben Achour).

Bahram fit partie d'un ou de plusieurs camps (mahalla) envoyés en expédition dans l'intérieur de la régence.

Exerçait en tant que Agha El Askar El Hanafyia.

[modifier] Voyage archéologique dans la Régence de Tunis.

Guérin, Victor (1821-1891), H. Plon (Paris), 1862.

Extraits[1] :

A 13h30, nous faisons une nouvelle halte dans un endroit appelé Bir-Cheba. Pendant que nous commençons à nous reposer à l'ombre d'un vieil olivier, l'avant garde de la petite armée, qui est chargée de recueillir les impôts dans le sud-est de la Régence, arrive et dresse ses tentes sur un plateau voisin ; bientôt les autres troupes suivent, infanterie, cavalerie, artillerie, le tout se montant à 8 000 hommes de soldats réguliers. Enfin, Sidi Bahram lui-même, général du camp, survient à la tête de son état-major et vient se placer sous la vaste tente qui lui a été préparée.

Mes hambas se rendent auprès de lui, s'inclinent profondément en sa présence, et lui baisent le bras droit conformément à la coutume militaire du pays, puis ils lui apprennent qu'un Français désire lui parler. Sidi Bahram m'envoie bientôt un officier pour me faire savoir qu'il est prêt à me recevoir ; il m'accueille lui-même avec beaucoup de courtoisie, et je lui expose par l'intermédiaire de mon drogman Malaspina le plan et l'étendue du voyage que j'ai l'intention d'accomplir d'abord dans les contrées les plus méridionales de la Régence, lui demandant des conseils qui pourront me guider dans mes explorations ; comme il connaît de longue date toutes les tribus que je dois parcourir et les chefs qui les commandent, il s'empresse de me fournir à ce sujet, les divers avis que lui suggère sa vieille expérience des hommes et de la contrée. Il y a plusieurs districts ajoute-t-il que je vous engage à ne traverser qu'avec une escorte plus considérable que la vôtre. Les pluies ayant manqué cette année presque totalement dans le sud de la Régence, les pâturages ont singulièrement souffert en beaucoup d'endroits, les blés et les orges ont à peine germé, et comme la misère est mauvaise conseillère, elle a multiplié les brigandages. Dans tous les cas, je vais donner l'ordre à l'un de mes spahis de confiance de vous accompagner jusqu'à Gabès, et je vous remettrai avant de partir un teskéré qui vous servira à l'occasion. Pour aujourd'hui, faites moi l'amitié d'accepter l'hospitalité dans mon camp, on va vous dresser une tente près de la mienne.

J'acceptai avec reconnaissance les conseils et cette offre, et je remis mon départ au lendemain...

...L'aurore n'avait pas encore paru que déjà le tambour matinal retentissait de toutes parts dans le camp, et tous les soldats s'empressaient de lever et de plier les tentes. Les bagages sont chargés sur le dos des chameaux et des mulets, et les troupes se tiennent prêtes à se mettre en marche à la première apparition du soleil. La tente du général est encore debout ; son état-major se réunit alentour pour assister à une sorte de lit de justice que Sidi Bahram avait l'habitude de tenir tous les matins avant de monter à cheval. Je me rends moi-même auprès de lui.

Afin de faire honneur au titre d'étranger et surtout de Français que je porte, il me prie de m'asseoir à ses côtés sur le même tapis, pendant qu'une vingtaine d'Arabes sont introduits en sa présence, les uns comme accusateurs, les autres comme accusés. Il les écoute tour à tour avec attention, et son jugement prompt et sûr tranche vite les causes qui lui sont soumises.

La subtilité arabe est proverbiale, et sans avoir appris les ruses de la chicane, le bédouin le plus grossier a d'ordinaire une fécondité merveilleuse pour en inventer ; il manie également la parole avec une rare facilité, et pour se défendre, il n'a besoin de personne. Sous l'apparence de la bonne foi la plus entière, il sait déguiser habilement ses sentiments et ses pensées et exprimer avec une non moins grande habileté les sentiments et les pensées qu'il n'a pas. Aussi pour démêler dans son langage la vérité de l'erreur, surtout quand on est appelé à le juger et qu'il faut sur le champ soit l'absoudre soit le condamner, est-il besoin d'une pénétration d'esprit peu commune.

A 7h00 du matin, Sidi Bahram a expédié toutes les affaires litigieuses qui lui ont été soumises, et il se dispose à monter à cheval, mais auparavant, il me remet le teskéré qu'il m'avait promis, et il donne l'ordre à l'un de ses spahis nommé Ahmed de se joindre à mes hambas jusqu'à Gabès. Je le quitte après l'avoir remercié de son bienveillant accueil, et je me mets moi-même en marche à 7h15 en direction du Sud.

[modifier] Notes et références

  1. Voyage archéologique dans la régence de Tunis - V. Guérin - Ed. Plon, Paris - 1860-1862, p.167.